Partout dans le monde, la multiplication des labels laisse à penser qu'ils ont de réels impacts sur les dynamiques socio-territoriales et que leurs
retombées sont assez notables sur les territoires. Les nouvelles stratégies « gagnant-gagnant » de lutte contre la pauvreté et contre l'érosion de la biodiversité s'appuient sur deux grands types d'objets patrimoniaux du monde rural à savoir les produits de terroir et les paysages. L'espace méditerranéen, écorégion très riche en termes de biodiversité occupe une place singulière dans les politiques de développement portant sur la valorisation des paysages et des produits de terroir. Sur la rive sud de la Méditerranée, le mouvement de création des IGP a émergé autour de quelques productions phares du monde rural maghrébin, comme l'huile d'argan (Romagny, 2010, p. 87).
Or, l'huile d'argane a une qualité et une réputation liées à son origine géographique. Pour ces raisons, l'huile d'argane doit être protégée à l'échelle internationale contre les usurpations qui ont déjà été constatées lorsque l'argane commençait à bien s'exporter ; 70 % des volumes exportés sont issus du secteur informel et l'IGP est vouée à éradiquer ce phénomène (Faouzi, 2014). C'est ainsi que le label IGP Argan a été créé. Ce processus vise à garantir une meilleure traçabilité et qualité du produit.
Pour les développeurs ainsi que les pouvoirs publics, l'IGP Argane est un pas vers la valorisation des ressources locales, la protection de la biodiversité,
le développement durable, et l'amélioration du bien-être des populations locales.
En s'appropriant cette logique d'économie de marché dont l'IGP Argan est issu, laisse entendre que derrière la promesse du côté acteurs
qui promeuvent ces labels, il y a la préservation de l'écosystème arganeraie et une amélioration du bien-être de la population locale. Cependant, la réalité sur
le terrain révèle des contradictions et des tensions entre les objectifs de conservation, les intérêts commerciaux et le bien-être des populations locales.
Aujourd'hui, après l'obtention de l'IGP Argane, et dans un contexte marqué par des politiques publiques qui, dans le cadre du pilier II du plan « Maroc Vert », persistent à encourager les producteurs les plus importants, marginalisant les petits exploitants, plusieurs questions émergent : Le processus de certification (IGP Argane) a-t-il contribué à freiner l'érosion de la biodiversité et à réduire la pauvreté en milieu rural des arganeraies ? (Romagny, 2010). Les ménages ruraux, uniques ayants droit ont-ils saisi l'opportunité de l'IGP Argane pour mieux s'organiser et agir collectivement ? La mise en place de l'IGP Argane a-t-elle garanti une amélioration de la part des bénéfices revenant aux exploitants agricoles de l'arganeraie ? (Romagny, 2010, p. 90).
Pour répondre à ces questions nous nous sommes basés sur une étude qualitative à vocation exploratoire à travers des entretiens semi-directifs auprès
d'un échantillon de personnes qui représentent les différentes parties prenantes dans l'arganeraie des Ait-baamrane (Anti-Atlas).
Notre papier, à travers le cas de l'IGP Argane, et en tentant de mesurer les retombées socio-économiques et d'attractivité, répond à la problématique
suivante : Dans quelle mesure les indications géographiques constituent-elles, à travers la différenciation des produits de terroir, un outil de
développement durable ?
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